Si Mai 68 et ses étudiants virés agitateurs publics devaient avoir un visage, peut-être auraient-ils celui de Serge July. Et si la médiacratie, bourgeoise, moraliste, et juge des opinions en avait un, ce serait probablement aussi celui de Serge July. Et voilà qu’à 80 ans, le co-fondateur aux côtés de Jean-Paul Sartre de Libération regagne la rédaction, dix-sept ans après son licenciement. L’information, révélée par l’actuel directeur de la rédaction du journal Dov Alfon dans un courrier interne consulté par l’AFP, fait état du grand retour de l’éditocrate prodigue dans ses colonnes pour écrire « des billets dans la page Éditos à partir du 23 janvier ». Aujourd’hui, donc. Tout un symbole ; car depuis les années 60, l’agitateur maoïste mué en maastrichtien aura fait bien des dégâts.

Serge le mytho

Ses premières armes militantes, July les faits aux côtés de Pierre Mendès-France en 1958, à l’occasion des manifestations contre le général de Gaulle, accusé d’instaurer un régime quasi-fasciste au pouvoir après ce que ses opposants qualifiaient alors de « coup d’État ». Un engagement que l’intéressé regrettera plus tard ; « Ce n’est pas forcément la meilleure idée que j’ai eue », confessera-t-il au micro de Thierry Ardisson en 2001, dans un bref éclair de lucidité.

Dès son passage, en 1965, à la vice-présidence à l’information de l’UNEF (Union nationale...