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Covid-19 : « Macron gère la crise en président omnipotent»

ENTRETIEN. « Je ne veux pas laisser tomber l'hôpital ! » a assuré mardi Macron face à des soignants en colère. Une énième déclaration qui ne convainc pas André Grimaldi, professeur à la Pitié-Salpêtrière (Paris), pour qui la désastreuse gestion de la pandémie est due à la logique libérale du système de soins encouragée par les gouvernements qui se sont succédé depuis trente ans.

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Front Populaire: Si on devait tirer un premier bilan de la gestion de crise du covid-19 par Emmanuel Macron, quel serait-il ?

André Grimaldi:  Dans la forme, Emmanuel Macron a démontré durant cette pandémie qu’il a un rapport paternaliste aux français. Hyperprésident, il nous traite en enfants qu’on rassure ou à qui on fait peur. Côté dramatisation, on a vu Macron en chef de guerre devant l’hôpital militaire de campagne à Mulhouse. Côté réassurance on se rappelle que le mot confinement n’a pas été prononcé par lui, mais par Edouard Philippe chargé d’annoncer la mauvaise nouvelle. Puis, on a baissé la garde pendant les grandes vacances car il fallait « apprendre à vivre avec le virus en faisant attention ». Et plus récemment, le président a désavoué le comité scientifique et le ministre de la santé qui sonnaient l’alerte devant le rebond de l’épidémie et on a eu droit au discours lénifiant du premier ministre avec ses conseils « aux papis et aux mamies. »  On a ainsi perdu 15 jours précieux et après ce message de père tranquille, les préfets et le ministre de la santé ont dû annoncer « les décisions difficiles ».

Le présidentialisme de la 5ème République facilite l’expression des penchants monarchiques de notre président mais son narcissisme est trop perceptible pour se laisser prendre à son talent de séducteur. Il sur-joue la solennité et la compassion, là où il aurait plutôt fallu instaurer une communication factuelle sans faire de grandes déclarations, mais en séparant nettement les avis argumentés du conseil scientifique et les décisions politiques. Au printemps le gouvernement s’est abrité derrière le conseil scientifique pour maintenir le 1er tour des élections municipales et inversement à la fin de l’été le président du conseil scientifique s’est permis d’enjoindre au gouvernement de « prendre des décisions difficiles ». Il aurait été d’ailleurs plus sain que ce...

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