Dupond-Moretti fustige la « surenchère populiste »
A l’heure où chacun s’émeut de l’affaire pédocriminelle de Nantes, le nouveau ministre de la Justice est revenu ce matin sur le traitement politico-médiatique de l’affaire. Il en a profité pour se démarquer de la ligne Darmanin, avec un art consommé de la circonvolution.
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« Après un drame comme celui-là, on doit se taire », a estimé le ministre de la justice ce mardi dans la matinale d’Europe 1. Le silence aurait selon lui le grand mérite d’éviter « la surenchère populiste », à la suite des aveux du pédocriminel récidiviste qui a violé et tué une adolescente de 15 ans, le 20 août dernier à Nantes. Aux reproches de laxisme qui lui sont adressés, notamment par l’opposition, il répond préférer faire appel à l’intelligence des Français « plutôt qu’à leurs bas instincts », arguant par ailleurs que « la France n’est pas un coupe-gorge ! » Rideau, donc.
Préférant ne pas attaquer de front son collègue de la place Beauvau, Dupond-Moretti fustige pourtant « ceux qui en rajoutent en permanence », et préfère cibler l’opposition d’extrême droite et de droite, notamment en la personne de Xavier Bertrand, par ailleurs très proche de Gérald Darmanin. Quant au terme d’« ensauvagement » utilisé par le ministre de l’Intérieur au cœur de l’été, Dupond-Moretti le conteste habilement : « Je ne le reprends pas, c’est une question de sensibilité, chacun utilise les mots qu’il veut utiliser. »
Dupond-Moretti n’est pas le seul à ne pas goûter les postures matamoresques du nouveau ministre de l’Intérieur. A l’heure où une grande partie de la majorité parlementaire LREM refuse de reprendre à son compte les termes polémiques de ce dernier, un sondage Elabe pour BFM TV précise que 63% des Français n’ont pas confiance en Gérald Darmanin sur le dossier de la sécurité. Le tour de passe-passe rhétorique du garde des Sceaux paraît toutefois assez artificieux. Jugez plutôt : « L’ensauvagement est un mot qui (…) développe le sentiment d’insécurité ». En somme, le sentiment d’insécurité s’auto-renforcerait par sa propre énonciation médiatique. Selon le garde des Sceaux, ce sentiment d’insécurité relève d’un « fantasme » nourri à la fois par les difficultés économiques du pays...