Éléments de programme pour une écologie souverainiste
OPINION. À problème global, réponse globale, estiment les mondialistes. Or, ce sont bien les nations souveraines qui détiennent le pouvoir politique. Si ces dernières veulent faire face au défi climatique, elles doivent reprendre la main sur l’industrie, l’agriculture, la consommation…
La dégradation de la biosphère, dont les manifestations les plus visibles sont le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité et l’épuisement des ressources naturelles, a porté la défense de l’environnement au centre du débat public. L’ampleur et la rapidité de cette dégradation comme son caractère pour partie irréversible, malgré son origine anthropique, conduisent à privilégier désormais l’adaptation par rapport à l’évitement.
Les stratégies d’évitement reposent, par nature, sur une gouvernance mondiale ou, du moins, sur une concertation internationale en vue d’aboutir à des accords, peu ou pas contraignants, comme celui de Paris en 2015. Les stratégies d’adaptation, au contraire, peuvent être mises en œuvre par les gouvernements nationaux, avec deux avantages par rapport aux premières : d’une part, une approche plus spécifique, propre à chaque pays, des mesures à prendre, d’autre part, une gouvernance disposant sur une aire déterminée d’une réelle capacité de contrainte, y compris dans les pays démocratiques.
C’est dans l’espace étatique, là où s’exerce la souveraineté, que doivent être faits les choix difficiles commandés par l’adaptation. Ces choix pour la France sont le nucléaire, civil et militaire, le capitalisme régulé par la puissance publique, la souveraineté alimentaire assurée par une agriculture de petites et moyennes exploitations de polyculture-élevage, la relocalisation industrielle assortie d’un protectionnisme ciblé, l’arrêt des politiques natalistes et de l’immigration, le recul de l’âge de la retraite, le renchérissement des déplacements, la sécurisation d’un exode urbain possiblement chaotique, consécutif à la déplétion pétrolière, la préservation de la santé publique et de la recherche, le remboursement de la dette.
Le niveau actuel de consommation des biens et des services, y compris des services publics, n’est pas soutenable. Contrairement à une idée répandue chez les écologistes, sa baisse s’accompagnera nécessairement d’un abandon, au moins partiel, du modèle social français qui prévaut depuis 1945. Entrer en résilience, c’est accepter...