Souveraineté française, oui. Souveraineté européenne, formidable. Mais souverainisme ? Vous n’y pensez pas, ce serait revenir à l'âge cavernes ! Le trait est à peine grossi : le débat autour des questions agricoles dans l’émission C Politique du dimanche 4 février a été le théâtre des envolées habituelles du camp présidentiel, incarné en l'occurrence par Valérie Hayer, présidente de Renew Europe, parti auquel appartient le clan macroniste au Parlement européen.

Contrairement à « souverainisme », le mot « souveraineté » trouve les grâces de la députée européenne. « La souveraineté. C’est fondamentalement différent du souverainisme », prétend-elle. Et d'estimer que le « souverainisme, c’est le repli, le repli sur soi et la défiance envers l’autre ». Il est bien connu que la Suisse vit en autarcie sur le continent européen. Elle s’interroge ensuite : « La souveraineté européenne et la souveraineté nationale, c’est quoi ? (…) On décide en européens de ce qui arrive sur le sol européen, à quelles conditions,on décide en européens de ce qu’on produit ou reproduit sur le sol européen ». On notera au passage que la souveraineté nationale a immédiatement disparu du raisonnement. Chassez le naturel…

Pour enfoncer le clou, comme Gabriel Attal qui avait assez piteusement désinformé la représentation nationale lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, attribuant injustement la fin des hauts fourneaux anglais au Brexit, la députée mobilise l’exemple britannique. « Allez voir ce que c’est que le souverainisme à l’œuvre aujourd’hui. Allez voir outre-Manche. C’est ça le souverainisme et c'est ça le fiasco. Le Brexit, ça conduit au fiasco ». Qu’importe si l’Union européenne vient de provoquer un mouvement de manifestation agricole d’une ampleur continentale, le souverainisme, voilà le seul mal. Qu’importe si la majorité des pays du globe sont de fait souverainistes – dans le sens où ils privilégient leur intérêt national...