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L’étrange lettre de monsieur Macron

ARTICLE. Tirant des élections législatives le constat qu'aucun parti ne les avait véritablement remportées, Emmanuel Macron appelle, dans une nouvelle « lettre aux Français », à une coalition des « forces républicaines ». Une étiquette de rassemblement pour défendre un projet qui correspond presque point pour point à celui de la Macronie.

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Stephanie Scarbrough/AP/SIPA


Il est le maître des horloges en France depuis 2017 – ou en tout cas il s'en persuade –, et bien qu’ayant essuyé, des européennes aux législatives, des revers en rafale, il entend bien le rester jusqu’en 2024. Emmanuel Macron s’était fait discret depuis sa défaite dimanche soir, il est sorti de sa réserve ce mercredi 10 juillet, au travers d’une lettre envoyée aux Français. Un exercice que le président affectionne. La missive a suscité un vif tollé dans le camp de la gauche insoumise, consciente désormais que le chef de l'État favoriserait une coalition qui excluerait le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, auquel il entend faire barrage.

Estimant que « les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires  », Emmanuel Macron considère que « seules les forces républicaines représentent une majorité absolue  ». Sans que l’on sache précisément comment définir ce qui appartient, ou pas, au champ des « forces républicaines », les castors barragistes ayant pour principe de ne jamais définir ce concept. Mais on devine sans peine qui en est exclu. D’office, les forces du Rassemblement national, ennemi public désigné dès l’entre-deux-tours par le procédé à force bien connu du barrage « contre la haine ». Mais également la France Insoumise, pourtant alliée de circonstance il y a une semaine, quand il s'agissait, là encore, de faire barrage.

Cette rhétorique éjecte de ce qu'il est convenu d'appeler le "champ républicain" quelque 16 millions d’électeurs, soudain invisibilisés. Une bagatelle. Pourtant, Emmanuel Macron le concède : « président de la République, je suis (…) garant (…) du respect de votre choix ». Enfin, c'est avant de définir plus loin qui a le droit de cité en Macronie : l’ensemble des forces politiques qui se reconnaissent « dans les institutions républicaines, l’État de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de...

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