« One planet summit » : la rustine bocagère de Macron
ARTICLE. Le gouvernement a annoncé vouloir planter 7000 kilomètres de haies, dans le but d’enrayer le rythme de leur disparition. Une paille eu égard au million de kilomètres de bordures végétales effacées du territoire en 70 ans.
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Le 11 janvier 2021 s’est tenue la quatrième édition du « One planet summit », organisé à Paris. Dans ce lieu où se sont réunis onze chefs d’État, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies ou bien encore la présidente de la Commission européenne, il a notamment été décidé de “promouvoir l’agro-écologie “. Dans le lot des mesures annoncées, qui concernent essentiellement l’Afrique (14 milliards d’euros y seront investis d’ici 2025), la France a annoncé un soutien à la plantation de 7 000 km de haies agricoles, une mesure inscrite dans le cadre du plan de relance.
Voilà donc qu’après plus 70 ans de destructions massives des haies, des voix s’élèvent enfin et se font entendre sur le désastre écologique que représente la disparition progressive de ce patrimoine biologique. Ces clôtures végétales naturelles abritent en leur sein tout un écosystème complexe et multiple. Elles servent notamment de garde-manger pour les oiseaux et les animaux non fouisseurs. Leur impact sur le climat, en ces temps de chasse au CO2 n’est pas non plus négligeable : l’association “Mission bocage” estime, dans une étude publiée en 2012, qu’un kilomètre de haies bocagères peut stocker plus de 770 tonnes équivalents CO2 sur 100 ans. Enfin, ces barrières naturelles assurent la rétention de l’eau et favorisent le maintien des sols.
Malgré tous ces avantages, les haies n’ont cessé de décroître de manière drastique. 70% des haies ont disparu des bocages français, soit plus de deux millions de kilomètres effacés du paysage en moins d’un siècle. Conséquence directe de la politique de remembrement agricole des années 50, qui a favorisé le développement de la céréaliculture intensive ainsi que l’urbanisation d’une partie du territoire. Au rythme d’une suppression de 45 000 km par an, entre 1960 et 1980, a succédé celui d’une diminution de 6 % par an depuis...