Bernard Arnault et les Restos du cœur, entre cynisme et diversion
CONTRIBUTION / OPINION. Sonnez les clairons ! Le milliardaire Bernard Arnault a annoncé adresser un chèque de dix millions d'euros aux Restos du coeur, pour aider l'association à surmonter ses difficultés financières. Une belle opération de diversion au cours de laquelle droite et gauche ont suivi à la note près leurs partitions respectives, selon Régis de Castelnau.
Bernard Arnault est parait-il l’un des hommes les plus riches du monde. Enfin, c’est ce que nous disent les gazettes qui raffolent de ces classements censés faire rêver le bon peuple, à qui on demande d’être fier puisqu’il s’agit d’un français. L’homme d’affaires est en effet un de nos oligarques à nous. Parce la France aussi en dispose de quelques-uns, il n’y en a pas qu’en Russie ou en Ukraine. Bernard Arnault est un des symboles et des visages français du néolibéralisme.
Bernard Arnault, oligarque symbolique du néolibéralisme
Néolibéralisme. Le mot est lâché, sorte de chiffon rouge pour la droite parce qu’il comporte le mot « libéral ». Et le libéralisme, depuis John Locke, on sait que c’est la liberté et depuis Hanna Arendt, le contraire du totalitarisme. La gauche, tout occupée à ses luttes intersectionnelles, à faire la promotion du genre et à lutter contre la transphobie, se désintéresse de ce néolibéralisme, formidable système de domination et d’exploitation, outil principal de la globalisation comme forme moderne de la domination occidentale.
La polémique du don offert par le multimilliardaire, à grands coups de trompe, aux Restos du cœur a ceci d’intéressant qu’elle raconte d’abord évidemment le goût du système médiatique pour les diversions. Mais à la différence des précédentes qui ont émaillé l'été – Michel Sardou, Médine, l'abaya, etc. – celle-ci qui oppose médiatiquement ceux qui en tiennent pour les gentils riches, et ceux qui vilipendent les mêmes riches mais qualifiés de méchants, révèle quand même cette crise qui travaille le capitalisme néolibéral.
Pour la commodité du propos, on se permettra d’en proposer modestement une petite description. Le néolibéralisme c’est d’abord la monopolisation de la propriété des moyens de production, d'échange et de communication. Avec une concentration sans précédent de la richesse du patrimoine social, du capital d’une oligarchie financière mondialisée,...