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Droit de réserve : un gendarme ne devrait pas dire ça…

DÉBAT. Le capitaine de gendarmerie Hervé Moreau a écopé d’un blâme de la ministre des Armées pour avoir dénoncé, dans un livre, l’explosion de la violence, y compris dans les campagnes, et le laxisme judiciaire. Lanceur d’alerte ou officier déloyal ? C’est le débat de ce dimanche.

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5.000. C’est le nombre d’exemplaires de son livre Vérités d’un capitaine de gendarmerie, édité à compte d’auteur, que le capitaine de gendarmerie Hervé Moreau a déjà vendu. Dans cet ouvrage, il révèle, par une enquête de terrain, l’ampleur de la délinquance en France depuis son expérience à la gendarmerie de Beaune, en Bourgogne. En réponse à cette rupture du droit de réserve, la ministre des Armées Florence Parly a adressé un blâme – une des sanctions les plus sévères – au capitaine.

Le livre décrit sans concession « crimes, agressions, violences familiales, trafics de stupéfiants, pillages (…) » en plein cœur de la Bourgogne, qui prend des airs, au fil des années, de cité sensible. Surtout, l’analyse du capitaine est particulièrement acerbe en ce qu’elle met en cause la lâcheté de certains responsables politiques et l’institution judiciaire, accusée de « laxisme » qui conduit à une « impunité dont se prévalent les délinquants ».

Le droit d'expression et le devoir de réserve des militaires sont encadrés par l’article L.4121-2 du Code de la Défense qui dispose que « les opinions ou croyances, notamment philosophiques, religieuses ou politiques, sont libres. Elles ne peuvent cependant être exprimées qu’en dehors du service et avec la réserve exigée par l’état militaire. » Par conséquent, les militaires ne peuvent pas organiser ou participer à des manifestations d’idées philosophique, religieuse, politique ou syndicale. Pour les militaires en général, les droits sont beaucoup plus restreints que pour les autres fonctionnaires, y compris les policiers. Ainsi, les gendarmes n’ont pas le droit de grève. Il n’est donc pas anodin que, pour toutes ces raisons, on appelle l’armée « la grande muette », dénuée de droit à l’expression des opinions dans le cadre de leur service (et même, jadis, de droit de vote, sous Adolphe Thiers).

De son propre aveu, le capitaine Moreau s’attendait donc à une sanction...

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