Elisabeth Badinter s’insurge contre le "nouveau racisme"
Dans un entretien accordé à Thomas Mahler et Anne Rosencher pour L’Express, la philosophe s’inquiète des dérives du nouvel antiracisme.
:max_bytes(300000)/frontpop/2020/06/Adama%20Badiinter.jpg)
Si Elisabeth Badinter reconnaît le bien-fondé des récentes manifestations contre le racisme, elle s’inquiète de « l’essentialisation » de certaines catégories de la population, jugée « aussi dangereuse que la racisme ».
On assiste en effet depuis à l'importation d'expressions comme « privilège blanc » ou « racisme systémique », venues tout droit de pays anglo-saxons à tradition multiculturelle.
La philosophe considère cette banalisation de propos racialistes comme un « crachat à la figure des hommes des Lumières », dont l’héritage universaliste demeurerait pourtant le plus à même à lutter contre le racisme.
Interrogée sur le mouvement « Justice pour Adama », Elisabeth Badinter rejette, en l’absence de conclusions définitives de l’enquête, le parallèle avec le meurtre de Georges Floyd aux Etats-Unis. Elle en profite pour saluer les policiers français, en jugeant « honteux » l’amalgame visant à tous les voir comme des coupables.
« Je pense que c’est la naissance d’un nouveau racisme, dont le “Blanc“ est le nouvel avatar », conclut, inquiète, Elisabeth Badinter. Et de prévenir: ce racisme pourrait bien « mener à un véritable séparatisme ».