Les bouquinistes et la ville de Paris, c’est une vieille histoire d’amour et de traditions. Mais depuis quelques années, la dégradation des conditions de travail, alimentée par la crise du Covid, désespère les professionnels. Et la dernière initiative de la mairie de Paris serait potentiellement mortelle pour les quelque 240 bouquinistes que compte encore la ville. Près de 600 boîtes de bouquins devraient être retirées des quais de Seine pour les Jeux olympiques. La raison ? Les fameuses boîtes vertes constitueraient un obstacle visuel aux festivités. Interrogé par Le Figaro, Francis Robert, bouquiniste présent sur le quai des Grands-Augustins depuis 1980, reste coi. « Nous sommes sur les quais depuis Henri IV et on fait partie des monuments de Paris. On ne va pas déplacer Notre-Dame, alors pourquoi devrait-on partir ? ». Un de ses collègues, Gabriel de Freitas, installé face à l'Institut de France, n’en est pas moins indigné. « C'est totalement bête puisqu'ils veulent faire une cérémonie d'ouverture sur les bords de Seine, mais Paris sans les bouquinistes, ce n’est plus Paris », déplore-t-il.

Dans un courrier adressé aux bouquinistes le 25 juillet, la préfecture de police de Paris n’y est pas allée par quatre chemins : leurs boîtes devront être « enlevées ». La préfecture s'appuie sur un article du code de la sécurité intérieure qui prévoit un périmètre où « l'accès et la circulation des personnes sont réglementés » afin d'assurer la sécurité d'un « lieu ou d'un événement exposé à un risque d'actes de terrorisme ». Une opération de déminage servirait de prétexte pour faire retirer les étals. Les nombreux vendeurs à la sauvette, sans-papiers pour la plupart d'entre eux, inondant le champ de Mars et les abords de la tour Eiffel, ne risquent rien et ne représentent pas un danger selon les autorités. En...