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Marie-Estelle Dupont : « le principe de précaution s’est transformé en illusion de toute puissance »

La Rédaction

03/02/2021

ENTRETIEN. Marie-Estelle Dupont est psychologue clinicienne et psychothérapeute. Nous l’avons interrogée sur les effets psychologiques de la crise sanitaire et d’un potentiel troisième confinement.

Marie-Estelle Dupont : « le principe de précaution s’est transformé en illusion de toute puissance »

Front Populaire : Jusqu’à présent, le « quoi qu’il en coûte » revient à sacraliser la « vie » de façon abstraite. La vie humaine peut-elle être résumée à ses seules fonctions biologiques ?

Marie-Estelle Dupont : La vie humaine ne peut se réduire à la survie. Contrairement aux reptiles, l’être humain est un mammifère autrement dit un être vivant dont la survie dépend des liens affectifs, des émotions autres que strictement primaires que sont les instincts (peur, faim, soif), et donc de l’attachement et des interactions. La survie dépend donc d’un équilibre psychosomatique subtil que notre cerveau régule constamment. Si nous ne sommes qu’instincts, nous sommes déshumanisés et dangereux. Si nous ne sommes qu’abstraction, nous sommes... déshumanisés et dangereux. L’émotion, l’affect, l’attachement, les interactions sont ce qui nous permet d’être vivant parce que nous ne sommes pas des monades toutes puissantes coupées de leur environnement. Un cerveau qui ne connaît plus de différence entre jour et nuit, travail et repos, qui n’est plus stimulé par des interactions s’atrophie au niveau de certains lobes. Cela engendre des pathologies et des déséquilibres pouvant menacer la survie même dans les cas extrêmes : anorexie, addictions, idées suicidaires, agressivité. La lumière et le toucher ou, à contrario, la dépravation sensorielle agissent sur les hormones sérotonine/mélatonine. Ces hormones permettent de réguler des fonctions vitales et des comportements comme le sommeil, l’appétit, l’humeur ou l’agressivité. Sans air, lumière, contact, la dépravation nous met en danger et nous rend inadaptés à autrui. (Agressivité, manque d’empathie, phobie sociale, anxiété, refus du contact, ruminations mentales...) Ce qui est passionnant chez l’être humain, c’est que besoin et désir sont intriqués et que donc la survie ne peut être assurée que si elle est dépassée. En éthologie, on note que des petits singes préfèrent le contact avec leur mère que...

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