Mourir une seconde fois au tribunal de Paris
TRIBUNE. La semaine dernière, au tribunal de Paris, ce qui devait être un procès pour diffamation contre Ara Toranian s’est transformé en une plaidoirie de 9h des avocats adverses visant à nier le génocide Arménien. Entre écœurement et abattement, son fils Vasken Toranian nous écrit sa colère et lance un appel.
La terreur a encore frappé en France. Elle ne s’est pas infiltrée à la terrasse d’un café du 11ème ni pendant un concert ou un match de foot : elle était attendue au tribunal de Paris. Elle ne s’est pas cachée derrière une cagoule mais est apparue à visage découvert, dans un costume respectable. Elle n’a pas agi impulsivement : elle s’était organisée et avait peaufiné ces méthodes durant des années. Au lieu d’une Kalashnikov, elle a préférée se payer les services d’un grand ténor du barreau de Paris. Comble de l’ironie, la mort avait changé d’identité et s’était fait appeler pour l’occasion, « partie civile ». Son désir ? Abroger la loi reconnaissant le génocide des Arméniens par la France ou, selon ses termes, « le soi-disant « génocide » des Arméniens ». Ses moyens d’y parvenir ? Harceler judiciairement les Arméniens qui combattent le négationnisme, dans ce cas précis : mon père, et ce, pour la dixième fois consécutive.
Durant 10 heures, servie par le panache de l’avocat de la partie civile, la mort planait dans ce tribunal, comme si l’on tuait une seconde fois toutes les victimes de ce génocide. Elle œuvrait, semant le doute, faussant les chiffres, niant le crime, inversant les victimes, ridiculisant les témoins, humiliant l’émotion qui s’emparait de la défense lors des récits de souvenirs familiaux traumatisants. La partie civile n’a pas hésité à provoquer avec mépris et condescendance en disant qu’elle avait de la « pitié et de la compassion » pour ces pauvres Arméniens, bernés depuis l’enfance par le faux héritage de leur soi-disant « génocide ».
Je pourrais continuer longtemps ce mode ironique. Après tout, n’est-ce pas ce qu’on attend de nous ? « De prendre de la distance ? », « d’ignorez les offenses ? », « de ne pas rentrer dans ce jeu ? », « d’avoir foi en la vérité ? »
Hélas, force est de constater que face à ce déchainement, la vérité ne...