néolibéralismeFPContenu payant

Soucieuse de la santé de ses patrons, la France hésite à taxer les superprofits

ARTICLE. Alors que nos voisins mettent en place des mécanismes destinés à ce que les « profiteurs » de crises redistribuent la manne exceptionnelle que le contexte international — et les Français — leur accordent, la France hésite.

/2022/09/bruno-le-maire-superprofits


Un peu de justice sociale ? Vous n’y pensez pas. Il faut protéger les entreprises du méchant démon taxeur et protéger le généreux salaire de Patrick Pouyanné, PDG de Total Énergies, qui a progressé de 2 millions d’euros entre mai 2021 et mai 2022. Pour lutter contre cet « enfer » fiscal tant craint par le MEDEF, les quelques directeurs d’entreprises concernés peuvent compter sur l’étrange inculture économique de Bruno Le Maire, qui a avoué aux journées d’été du syndicat des patrons, fin août : « le superprofit, je ne sais pas ce que c’est ».

« Je sais que les entreprises doivent être profitables, c’est tout ce que je sais », avait ensuite ajouté le ministre de l’Économie, qui avait estimé que « Total, CMA-CGM, les distributeurs, un certain nombre d’autres entreprises » avaient « déjà fait des efforts pour redistribuer ce qu’elles avaient gagné directement dans la poche du consommateur ». Mais les consommateurs ne sont-ils pas les premiers à faire des efforts contraints par un marché de l’énergie inéquitable ? Pas un sujet pour Bruno Le Maire.

Quant au président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux,  il considère, contrairement au ministre, que les superprofits sont un sujet… mais pas pour n’importe qui. « Le plus grand super profiteur (…) c’est l’État », affirmait-il ainsi au micro de France Inter, toujours en août, oubliant au passage que c’est ce même État qui a mis en place le bouclier fiscal qui a permis de redistribuer un peu de ce surplus de recettes. Au fond, ne demande-t-on pas aux patrons de faire un même effort, quoique de nature différente ?

La NUPES compte profiter du vote du budget ce mois d’octobre pour mettre en avant une proposition de taxe. Celle-ci concernerait les entreprises dont le résultat imposable supplémentaire serait au moins 1,25 fois supérieur...

Vous aimerez aussi