SPANC : l’autre matraquage rural
OPINION. En plus du coût du diesel ou des 80 km/h, les cinq millions de foyers français non raccordés au tout-à-l’égout doivent subir les excès de pouvoir de ces organismes qui exigent des travaux bien au-delà du cadre législatif.
Comme le disait Pierre Dac : « Un homme parti de rien pour n’arriver nulle part n’a de merci à dire à personne. » Tel n’est pas le cas de monsieur Pinot — ce pourrait être son nom —, l’heureux vice-président d’une communauté de communes quelque part en province. Mieux, monsieur Pinot est aujourd’hui puissant. Il est craint, car il est un homme bien informé. Il n’ignore rien des besoins de ses administrés, dans lesquels il reconnaît ses amis. Il a l’insigne privilège de passer ses journées la tête plongée dans leurs fosses septiques. Parce que monsieur Pinot dirige le SPANC, le Service public d’assainissement non collectif de la « ComCom », comme disent les initiés. Il en fallait un, et ce fut lui.
Pinot a toujours été fonctionnaire. Un digne représentant de messieurs les ronds-de-cuir de Georges Courteline. Sur le trombinoscope de l’administration, il n’a pas « le visage à l’humidité jaune clair des pommes de terre crues juste pelées » cher aux amis de Georges, mais on le devine déjà un peu apâli par la grisaille des fosses qu’il visite. Il n’y entre que si peu de soleil. Et si vous ajoutez l’odeur, comme avait pu dire Jacques Chirac… !
« Septième vice-président » de la communauté de communes : il est tiraillé entre deux sentiments contradictoires. Flatté par l’importance du titre — vice-président déjà à 36 ans ! Lui qui n’était « que » postier, comme le sérail le moqua quand il posa sa candidature —, mais aussi pénétré de la petitesse inversement proportionnelle à son rang nominal : septième…
Tout est oblatif chez monsieur Pinot : il œuvre pour ses administrés chaque jour (ouvrable) que Dieu fait. C’est le Jules César des fosses septiques, qui en a droit de vie ou de mort, selon les cases que ses contrôles biffent sur ses rapports. Un « non conforme », c’est un pouce baissé, un coup...