Mais que s’est-il donc passé le lundi 28 avril 2025 à 12 h 33 pour que l’Espagne, une partie du Portugal et du Pays basque en France basculent dans le chaos, privés d’électricité ? Il aura suffi de « deux événements de déconnexion de production », survenus à une seconde et demie d’écart au sud-ouest de l’Espagne pour déclencher une perte sèche de 16 GW de production d’électricité – environ 60 % de la consommation – faisant s’effondrer tout le système électrique par contagion, provoquant indirectement une vingtaine de blessés, mais aussi sept décès. Il aura fallu attendre plusieurs mois d’audits et d’enquêtes pour obtenir des pistes d’explication.

Certaines interprétations de l’accident évoquées le jour même ont été, depuis, contredites. La théorie d’une dépression météorologique a été rapidement démentie par l’Agence d’État de météorologie (AEMET) et la piste d’une cyberattaque rapidement abandonnée par la justice. Le mardi 17 juin, la ministre de la Transition écologique espagnole, Sara Aagesen, est venue présenter les conclusions d’un rapport consacré à cet incident. Pas de coupable unique désigné, mais un ensemble de facteurs techniques et opérationnels «  multifactoriels » qui seraient à l’origine du phénomène de « surtensions  ». Le dysfonctionnement de la centrale photovoltaïque Núñez de Balboa – l’une des plus grandes d’Europe, dotée d’une puissance de 500 MW – aurait provoqué une « réaction en chaîne » et un arrêt en série de plusieurs centrales par effet domino. Pour le gouvernement espagnol, la faute incombe essentiellement à Red Eléctrica (REE), le responsable du transport et de la gestion du réseau électrique espagnol, ainsi qu’aux producteurs d’électricité.

L’une des dix centrales pilotables sollicitées pour faire face à la forte oscillation provoquée ce jour par la forte consommation des renouvelables – 59,21 % du mix électrique constaté ce jour – n’aurait pas répondu à l’appel de REE. Le gouvernement espagnol reproche au transporteur d’électricité de ne pas avoir cherché à la remplacer. De...