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Ces femmes françaises qui ont marqué leur siècle

L’histoire de France ne s’écrit pas qu’au masculin car notre passé national a aussi été façonné par d’innombrables femmes d’exception, dont le courage a illuminé le pays, avant qu’un voile d’ingratitude ne vienne, trop souvent, rejeter leur souvenir dans l’oubli. Ces quelques portraits tentent, à leur manière, de réparer les injustices de notre mémoire officielle.

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JEANNE D’ARC OU LA PUCELLE D’ORLÉANS

La masse des documents à la portée de tout chercheur honnête rend stupides les efforts de ceux qui s’efforcent depuis toujours de prouver qu’elle « n’a pas existé ». Toute la question est de savoir comment comprendre l’incroyable phénomène, et quel sens lui conférer. Tenons-nous-en pour l’instant à la fraîcheur du fait et à sa « rareté » : une femme, une toute jeune fille, prend les armes et monte à cheval, à la tête d’un mouvement de libération nationale.

Jeanne la Lorraine naît à Domrémy vers 1412, dans la châtellenie de Vaucouleurs, d’une famille de paysans aisés. Elle prend part avec ses compagnes aux vieux rites agrestes, mais elle est très pieusement chrétienne. On la dit « béguine », c’est-à-dire dévote. Elle vénère la Vierge Marie, Jésus et surtout saint Michel, archange cavalier. « À treize ans dans les troubles d’une puberté dont nous savons qu’elle demeura imparfaite »¹, dit Georges Duby…, elle entend des voix à l’heure de midi dans les pâturages où elle garde ses moutons. Elle fait vœu de virginité, refuse le mari que ses parents lui ont choisi, convaincue que « ses frères du paradis » l’ont désignée pour accomplir une mission au service du peuple de France, opprimé par l’occupant anglais. Âgée de 16 ans, Jeanne se fait accompagner à Chinon, à cheval, en équipage masculin, les cheveux coupés court, pour aller rencontrer le dauphin Charles, privé de sa couronne, le persuader de se faire oindre et de libérer la France de l’usurpateur. Et elle le convainc…

« Attendu la grande nécessité, dit Duby, les gens de cour conseillèrent d’utiliser la jeune Lorraine. »² Le dauphin l’institue chef de guerre. Elle s’infiltre à Orléans avec une poignée de chevaliers dans la place forte des Anglais. « Contre toute attente, les Anglais se retirèrent », le 8 mai… Je fais grâce de la suite...