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Chine : La société du troisième oeil

En Chine, un système d’espionnage à grande échelle a été mis en place grâce aux nouvelles technologies numériques et au prétexte de rendre la société plus juste et plus sûre. Des méthodes liberticides qui frappent à nos portes et montrent que les limites éthiques de l’intelligence artificielle ont d’ores et déjà été atteintes.

/2021/08/15-Chine

Les conditions de travail sont de plus en plus difficiles en Chine. En cause, la concurrence féroce qui règne non seulement entre les entreprises mais aussi entre les employés. Ainsi, il n’est pas rare de voir des salariés enchaîner les journées de douze heures au moins cinq jours par semaine, qui plus est sous le contrôle d’un système de surveillance élaboré.

Andy Wang, ingénieur informatique, était responsable de la gestion d'un tel système au sein d’une société de jeux vidéo à Shanghai. Sa start-up, a-t-il raconté en juin dernier dans les colonnes du magazine économique Nikkei Asia (édité à Tokyo), est non seulement équipée de caméras de surveillance haute définition dans tous ses locaux, mais emploie aussi un réceptionniste chargé de noter le nom des gens qui partent déjeuner, à quelle heure ils sont sortis et rentrés. Tous les employés sont espionnés par le logiciel DiSanZhiYan (en français, « troisième œil »), un mouchard installé sur chaque ordinateur, qui permet de suivre en temps réel ce qui se passe sur les écrans : les historiques de discussions, les activités de navigation et la moindre édition de fichier.

RAPPORTS D'EFFICACITE

L’expression « troisième œil » renvoie au mythe de l’œil céleste dans la culture chinoise. Mais le programme informatique qui répond à ce nom a une fonction nettement plus terre à terre : signaler automatiquement les « comportements suspects » des salariés, comme aller surfer sur un site de recherche d'emploi ou une plateforme de vidéos en ligne. Des « rapports d'efficacité » sont également générés de manière hebdomadaire, faisant le point sur le temps passé par chaque employé sur le Web. Ils sont susceptibles d’être utilisés comme base de calcul pour une éventuelle augmentation de salaire, mais aussi comme motifs de licenciement.

Du point de vue des patrons, un tel système est une bonne méthode de gestion, mais du point...