Droite et gauche : les enseignements des années 30
Olivier Dard nous met en garde contre la tentation de plaquer les schémas de l’entre-deux-guerres sur la vie politique actuelle. Même s’il ne s’interdit pas de noter quelques ressemblances…
Assistons-nous, dans la France des années 2020, au retour des années 30, avec toute la charge péjorative qu’accompagne l’évocation de cette période assimilée à la « décadence » et à l’opprobre des accords de Munich ? Pour juger de la pertinence d’un tel parallèle, commençons par nous pencher sur l’événement politique le plus marquant de la période : la victoire du Front populaire aux législatives d’avril-mai 1936.
Le succès électoral de cette coalition de partis de gauche témoigne d’un double phénomène que l’on ne retrouve pas dans la France d’aujourd’hui : d’une part, une forte polarisation droites/gauches de la vie politique, d’autre part, une grande mobilisation citoyenne dans les urnes, avec une participation supérieure à 80 % (84,3 % au premier tour). Ce chiffre est essentiel à prendre en compte pour instruire une comparaison avec la période actuelle. Car il est nettement au-dessus de celui de la présidentielle de 2017, où le taux au second tour a été seulement de 74,56 % (auquel il faut retrancher les 8,52 % de votants qui ont voté blanc et les 3 % qui ont glissé un bulletin nul dans l’urne). Le second tour des législatives qui suivirent l’élection d’Emmanuel Macron fut d’ailleurs marqué par un taux de participation encore plus bas : 57,36 % des inscrits.
En 1936, le Front populaire l'emporte grâce à une dynamique du second tour qui a permis au Parti communiste d’obtenir 72 élus (un succès sans précédent) et, surtout, à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) de devancer pour la première fois le Parti radical en nombre de sièges, puisqu’elle en obtient 146 contre 116 à ce dernier, ce qui conduit le président de la République Albert Lebrun à appeler un socialiste, Léon Blum, à former un nouveau gouvernement.
Face aux gauches, les droites sont alors minoritaires, mais on rappellera qu’au soir du...