De l’indépendance des anciennes colonies jusqu’à la fin de la présidence Chirac, la Françafrique prolongeait la colonisation d’une sorte de protectorat. Pour Paris, cette politique présentait quelques avantages : un accès privilégié aux marchés et aux matières premières, un soutien de ces capitales dans les instances internationales. Elle obligeait aussi la France à fournir une aide humaine, financière et technique à ces pays de la communauté francophone, via la coopération, et à garantir leur sécurité au moyen d’accords de défense, de bases françaises et, au besoin, d’interventions. Le fait d’être protégé par l’armée française permettait à certains pays de se prémunir des coups d’État. Favorable au statu quo, notre présence offrait aussi l’avantage de prévenir guerres civiles et massacres interethniques.

Double constatation

À présent, la Françafrique parait aussi loin que le temps des colonies. La coopération n’est plus qu’un lointain souvenir. La fin du Service national lui portera un coup fatal. Il n’existe même plus de ministère de la Coopération. Dans les années 90, 20 000 soldats français étaient encore stationnés en Afrique. Nous n’avons plus que 5 000 hommes sur le continent. À titre de comparaison, 70 000 GI’s sont casernés en Europe. La zone CFA fonctionne encore mais ne regroupe plus que 54 % de l’Afrique francophone. Au nom de la mondialisation, nous avons diversifié nos approvisionnements en matières premières (uranium au Kazakhstan et au Canada, pétrole en Norvège, gaz en Azerbaïdjan et au Qatar). L’uranium du Niger ne couvre plus que 6 % de nos besoins. La France est désormais le deuxième fournisseur de l’Afrique francophone, avec 9 % (contre 19 % pour la Chine). Une double et pathétique constatation mérite d’être dressée. Moins la France profite de l’Afrique et plus elle est accusée par les Africains et par ceux qui pillent leurs richesses de l’exploiter.

Meloni, Biden,...