Dans la nuit du 5 octobre dernier, le CAV (Comité d’action viticole) de l’Aude a tenté de mettre le feu à une société d'embouteillage de Sallèles-d’Aude, qui importe des vins espagnols. L’action était signée d’un graffiti clair : « Imports NON ! ». Le 19 octobre, des centaines de vignerons venus de l’Aude, des Pyrénées-Orientales et de l’Hérault ont mené une action coup de poing en formant un barrage filtrant sur l’autoroute A9, à hauteur de la frontière franco-espagnole. En ce « jour 1 de la révolte », les chargements de camions transportant du vin et du champagne venus d’Espagne ont été répandus sur l’asphalte, des palettes et des pneus ont été brûlés devant le centre des impôts de Narbonne. David Drilles, président du syndicat des vignerons des Pyrénées-Orientales, a évoqué à cette occasion « une révolte du bassin régional qui touche toute la région et même PACA ». La raison ? « Depuis Maastricht, l’agriculture française se casse la figure et nous, les vignerons, on est la dernière citadelle à abattre (…) On vit le même problème que les maraîchers et les arboriculteurs avant nous : le marché commun nous détruit. » Pierre Hylari, président des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Orientales, renchérissait : « Il va falloir revoir certaines lois, certaines règles, certains accords sur le libre-échange et sur la généralisation des réglementations (...) Sans annonce forte, la mobilisation des vignerons va se durcir. » Selon les mots d’un viticulteur, il s’agit d’une « colère protectionniste ». Et elle n’en est qu’à ses débuts : « Ça va complètement partir dans le décor, car 60 % des exploitants viticoles sont au bord de la faillite, beaucoup ont déjà mis la clé sous la porte. » Le mois de novembre a vu une grande mobilisation à Narbonne et une multiplication d’actions coup de poing contre des entreprises d’import, accusées d’acheter des vins espagnol et portugais, produits à moindre coût et avec une...