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La réindustrialisation impossible ?

Cet été, un bras de fer s’est engagé entre Bruno Le Maire et le groupe Stellantis au sujet de la possibilité de produire la Peugeot 208 électrique en France. Pour Laurent Herblay, le gouvernement français souhaite nourrir son narratif sur la « réindustrialisation ». Mais le peut-il vraiment ?

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Le 5 juillet, le dirigeant du groupe automobile Stellantis, Carlos Tavares, a dénoncé le tapis rouge déroulé aux constructeurs chinois et dit douter de la rentabilité de petits véhicules produits en France. Bruno Le Maire lui a répondu en « souhaitant qu’il relève le gant et relève le défi » d’une production de la Peugeot e-208 en France. Et quatre jours plus tard, c’est le président de Renault qui a alerté sur « l’orage chinois » qui menace. Une passe d’armes inhabituelle trop peu commentée qui en dit long sur l’impasse que font prendre l’UE et nos dirigeants à ce secteur.


Vers un suicide industriel ?


Ce genre d’échange entre le gouvernement et des patrons du CAC 40 est trop peu courant pour ne pas attirer l’attention. En une dizaine d’années, Macron, conseiller, ministre, puis Président, a accordé environ 100 milliards de baisse annuelle de taxes et cotisations au patronat, et trois vagues de déconstruction des droits du travail des salariés. Jamais un homme n’avait autant fait pour les grandes entreprises. Les fortes critiques émises par deux patrons du CAC 40, peu fréquentes, sont donc particulièrement significatives, d’autant plus que ce n’est pas la première fois que Carlos Tavares alerte nos dirigeants sur les menaces que fait peser la Chine sur notre industrie. Celle-ci représente déjà un tiers de la production mondiale automobile avec 24 millions de véhicules fabriqués en 2022. Mais surtout, c’est 60 % des véhicules électriques vendus dans le monde en 2022, au point que sept des dix modèles les plus vendus au monde sont chinois !

Pour l’instant, le marché européen résiste : aucun modèle 100 % chinois n’atteint le top 10, mais trois en dépendent : la Dacia Spring y est produite, et deux autres appartiennent à un groupe chinois. La Chine a surtout démarré sa conquête du marché européen. En 2019, les...