La responsabilité des intellectuels face au terrorisme
De Hebert à Sartre en passant par les anarchistes russes, certains penseurs et commentateurs politiques, fascinés par la violence, ont justifié l’injustifiable.
Le 5 septembre 1972, une dizaine de jours après l’ouverture des Jeux olympiques de Munich, au petit matin, huit hommes du groupe terroriste palestinien Septembre noir s’introduisent dans le village sportif pour y assassiner deux membres de la délégation israélienne et en capturer neuf autres. Rapidement, leurs revendications sont connues : la libération de 234 prisonniers palestiniens détenus en Israël et de deux membres de l’organisation terroriste d’extrême gauche Fraction armée rouge (FAR) détenus en République fédérale d’Allemagne. Les négociations échouent, mais les autorités consentent à envoyer deux hélicoptères sur place afin d'emmener le commando et ses otages dans un aéroport militaire avoisinant, d’où un Boeing 727 est censé décoller à destination de l’Égypte.
Mais la police bavaroise prépare en réalité, avec l’aval du gouvernement, un assaut qui durera plusieurs heures. Le 6 septembre au matin, le bilan est lourd. Tous les otages ont été exécutés, trois des huit terroristes seulement ont été capturés vivants. Le Comité international olympique (CIO) réagit en organisant une cérémonie d'hommage aux Israéliens abattus, mais décide néanmoins de poursuivre la compétition. Quelques jours plus tard, la Première ministre israélienne Golda Meir déclenche avec ses conseillers militaires l’opération dite Colère de Dieu, destinée à exécuter tous les responsables encore vivants, qui seront traqués pendant vingt ans par le Mossad (les services secrets israéliens).
Quelques semaines après ce massacre et une fois l’émotion internationale retombée, Jean-Paul Sartre écrit dans La Cause du peuple(1) du 15 octobre 1972 : « Dans cette guerre, la seule arme des Palestiniens est le terrorisme. C’est une arme terrible mais les opprimés n’en ont pas d’autre ; et les Français qui ont approuvé le terrorisme du FLN contre des Français doivent également approuver l’action terroriste des Palestiniens. Ce peuple abandonné, trahi et exilé ne peut montrer son courage et la force de sa haine...