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La voix de la France dans le monde : De Gaulle diplomate

La politique étrangère gaulliste ne fut pas seulement l’instrument d’un retour de la France dans les affaires du monde, inimaginable pour qui avait vécu son effondrement du printemps 1940. Abjurée progressivement par ses successeurs, elle reste un antidote contre toutes les logiques de domination.

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Quiconque effectue le trajet Paris-Évreux (ou l’inverse) par la nationale 13 remonte le temps sans le savoir. Pendant trois kilomètres, il longe la base aérienne 105 dite d’Évreux-Fauville, redevenue, par la volonté d’Emmanuel Macron, ce qu’elle était avant que Charles de Gaulle n’affranchisse la France de la tutelle atlantique : un maillon de la chaîne de commandement américain sur le territoire de la République. Jusqu’à la fin des années 2010, seuls d’anciens baraquements verdâtres protégés par de simples barbelés témoignaient de ce passé ancillaire. Au terme de travaux pharaoniques, ils ont fait place à d’impressionnants remblais dissimulant le cœur battant de ce complexe de près de 1 000 hectares : l’état-major du German-French Tactical Air Transport Squadron – selon sa dénomination officielle, inscrite en lettres géantes sur le bâtiment. Équipée d’avions-cargos américains Hercule C 130 produits par Lockheed-Martin, et non plus des Transall qui, jusqu’alors, assuraient la même fonction au sein des armées de l’air française et allemande, cette unité a vu le jour en septembre 2021. En avril dernier, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, l’a qualifiée d’étape majeure dans la construction de « la future défense européenne » et a dévoilé ce que fut, « à la demande de l’OTAN » (sic) sa mission inaugurale de mars 2022 : des « rotations quotidiennes en direction de la Roumanie » pour y acheminer « du fret et des militaires » dans le cadre du déploiement occidental décidé par le Pentagone après l’intervention russe en Ukraine.


La querelle de l’OTAN


Une défense « européenne » équipée par les États-Unis dans le cadre d’une stratégie arrêtée à Washington : nous voici de plain-pied dans la situation qu’entendait conjurer de Gaulle en nous extirpant, entre 1959 et 1967, du commandement intégré de l’Organisation atlantique ! « Les conflits où l’Amérique s’engage (…) comme avant-hier en Corée, hier à Cuba, aujourd’hui au Vietnam, risquent de prendre une extension telle qu’il pourrait en sortir une conflagration générale,...