La Nation, une ressource d’avenir. Tel est le titre du dernier essai de Bernard Bourdin et Philippe d’Iribarne (on peut retrouver ce dernier également dans cette revue, où il signe un article sur la méritocratie). Un ouvrage paru aux éditions Artège en mai de cette année. Grâce à ses fulgurances, ses prises de position courageuses et ses pistes qui renouvellent le débat sur le souverainisme, gageons qu'il deviendra un classique. Jacques Sapir (qui a, quant à lui, écrit pour ce numéro une analyse sur l’inflation) en propose une critique.

S’il contient des thèses discutables (mais toute thèse n’est-elle pas discutable par nature ?), La Nation, une ressource d’avenir, est un ouvrage important. Il s’inscrit dans un salutaire courant de réhabilitation de l’identité contre les dérives et les travestissements des identitaires. Il est particulièrement intéressant qu’il ait été rédigé par un spécialiste de la philosophie politique, Bernard Bourdin, et par un anthropologue, Philippe d’Iribarne, qui s’est, toute sa vie, interrogé sur l'influence des cultures nationales sur le fonctionnement des organisations.

L’ouvrage tente d’explorer à la fois les évolutions de la nation mais aussi ses liens avec la citoyenneté et les citoyens. La première partie, consacrée à ce que les auteurs appellent l’éclosion et le destin de la nation et du citoyen, s’ouvre sur les « quatre émancipations » dont les nations furent porteuses. Bourdin et d’Iribarne écrivent : « On a eu tout d’abord une double émancipation collective d’une nation devenue souveraine : une émancipation des États souverains par rapport à la tutelle de l’Empire, jointe à une émancipation du pouvoir temporel par rapport à la tutelle de l’Église, puis une émancipation des peuples en corps formant une communauté de citoyens par rapport à l’autorité du Prince, monarque de droit divin. » À cette double émancipation viennent s’ajouter celle de l’individu face à la tutelle de la collectivité...