Eric Dupond-MorettiJusticeFPContenu payant

Lettre ouverte à Éric Dupond-Moretti

LETTRE OUVERTE. Je t’écris Éric, car depuis que tu es ministre tu ne réponds plus aux textos...

/2021/08/2-lettre ouverte

Je t’écris Éric, car depuis que tu es ministre tu ne réponds plus aux textos.

Tes vieilles connaissances, ces copains des médias que tu as chouchoutés pendant des années, tu les ignores. Je ne t’en veux pas, la fonction exige de la distance. Je constate juste qu’avant, c’était différent. Tu répondais au téléphone dans les cinq minutes à tous ceux qui pouvaient servir ton ambition. Comme lorsque nous nous sommes connus en 1990, tu venais d’obtenir l’acquittement de Jean-Pierre Deulin, accusé du meurtre de sa femme. Celui qui t’inspirait alors s’appelait Jacques Vergès. Il me plaisait aussi par sa capacité créative de transgression, évidemment pas pour sa complaisance avec le régime Khmer rouge, ni son compagnonnage avec les révolutionnaires communistes.

Je te dirais, Éric, que ta nomination m’a « déçu en bien », comme disent les Suisses. Après un parcours de pénaliste de premier plan, je pensais qu’Aquitator allait pour le coup « disrupter » par rapport aux peu regrettées Taubira et Belloubet. La déception a démarré en septembre 2020, devant les caméras, quand tu t’es hasardé à vouloir nous démontrer que le sentiment d’insécurité était de « l’ordre du fantasme », nourri par les difficultés économiques, « certains médias » et « le discours populiste » dont tu étais grand pourfendeur. Il eut été plus opportun et transgressif de ne pas répéter avec vingt-cinq ans de retard les éléments de langage de Lionel Jospin… Mais non, tu allais nous apporter « des preuves, des chiffres » à nous les brebis égarées…

L'INSÉCURITÉ N'EST NI UN FANTASME NI UNE FATALITÉ

Un an après, cher Éric, ta promesse a fait long feu… Je savais que nous ne verrions pas le début d’une statistique, je te connais. Contrairement à ce que tu affirmes en public, l’insécurité n’est pas une vue de l’esprit : elle découle d’une juste appréciation de la réalité. Comme nous l’a rappelé...