L'injustice des guerres justes – contre l'universalisme
L'édito de Michel Onfray.
La vulgate voudrait que le nationalisme, ce soit la guerre. Il me semble bien plutôt que c'est l’impérialisme qui est la guerre, alors que le nationalisme est le seul remède à même de l'empêcher ! La guerre de 14-18 ne fut pas une guerre franco-allemande avec la seule Alsace-Lorraine pour enjeu, c'est la version pour les nuls, mais une guerre entre des empires dont chacun voulait le rester, bien sûr, mais aussi et surtout, c'est la nature de l'impérialisme, étendre son espace vital dans la course au leadership capitaliste mondial. L'emballement de la bête industrielle exigeait toujours plus de matières premières à prélever dans les colonies des empires.
Comment cette première guerre pourrait-elle être dite mondiale si elle n'avait concerné que la couleur du drapeau apposé sur la mairie de Strasbourg ? Cette guerre vit s'effondrer les empires russe, allemand, austro-hongrois, ottoman, et naître ce qui allait devenir l'Empire soviétique, suivi de près par les empires fascistes, Italie en tête, puis le IIIe Reich national-socialiste, avant celui d'une Europe vassale des États-Unis depuis le 6 juin 1944, le seul empire qui dure sur un terrain qui va de l'Atlantique à... l'Ukraine.
On sait que c'est à François Mitterrand qu'on doit cette saillie devenue le premier commandement du Décalogue européiste : la guerre tu empêcheras – non sans la rendre possible partout sur la planète au nom, bien sûr, des droits de l'homme ; deuxième commandement, les droits de l'homme tu observeras, et des guerres dites justes afin de pouvoir illustrer la vérité totalitaire selon Orwell : « La guerre c'est la paix » ; ce qui induit un troisième commandement : la paix tu imposeras par la guerre. Ce qui donne : empêcher la guerre, donc, au nom des droits de l'homme, la faire pour l'empêcher. C'est l'argumentaire d'un B.-H.L. pour justifier la destruction de la Libye à laquelle...