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L’univers numérique prépare-t-il un monde meilleur ou le meilleur des mondes ?

Internet est le terrain de jeu de nombreux sites indépendants d’information, mais aussi de Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, ces firmes américaines surpuissantes surnommées GAFAM. Quelle société ce mélange de médias pique-bœufs et de géants de la Silicon Valley va-t-il produire ? Un monde meilleur ou le meilleur des mondes ?

/2022/03/18_univers numerique


Il y a ceux qui pensent que l’information est définitivement plus libre sur le web. Et ceux qui, au contraire, craignent que la toile ne se soit déjà refermée, sous l’emprise implacable des GAFAM. Il faudrait plutôt convenir que la vérité se tient en équilibre instable entre ces deux thèses.

Les puristes vous expliqueront que le digital n’est ni une promesse de liberté d’expression ni une menace pour elle, mais un espace comme un autre qui répond à des principes de fonctionnement fondamentaux tels que la loi de Moore et la loi de Gilder, parfaitement neutres au plan politique. Il est vrai que, si sophistiqué soit-il, un outil n’est ni bon ni mauvais en soi, il est surtout ce que l’on en fait. Pourtant, force est de constater que les GAFAM, dont les technologies sont utilisées chaque jour de façon quasi obligatoire par des milliards d’internautes, penchent tous dans la même direction idéologique et n’hésitent plus, pour certains d’entre eux, à présenter leurs « valeurs » comme éthiquement supérieures aux lois des États.

Eldorado sans filtre

Revenons quelques dizaines d’années en arrière. Un rapide coup d’œil dans le rétroviseur permet de se rendre compte de la distorsion entre ce que certains espéraient à l’apparition du world wide web et ce qu’il est devenu. À l’époque, on prophétisait l’avènement d’un eldorado, où des internautes libertariens et autres cyberpunks allaient hisser partout l’étendard de la liberté. Sur Canal +, les Guignols lançaient chaque soir : « Vous regardez la télévision, l’ancêtre d’internet. » Le média nouveau était arrivé, il était numérique, forcément plus émancipé et plus intelligent que les précédents. Ce qui fascinait, c’est qu’il semblait échapper à la censure du grand méchant loup politique. Tout le monde se prit alors à vouloir du neuf, de nouveaux usages, des écritures différentes, rêvant d’envoyer dans les gencives du public...