Nucléaire et écologie: pourquoi ce n’est pas incompatible
Loin des raccourcis et de croyances, Gérard Michel pose de la manière la plus scientifique possible la question de l’énergie nucléaire et sa place au cœur de notre civilisation techno-industrielle.
Le nucléaire suscite de nombreux débats passionnés en France depuis ces dix dernières années. Il ne se passe désormais plus un jour sans que l’on entende parler dans les médias de cette source d'énergie, avec des résumés du type “pour ou contre le nucléaire ?”.
Envisager le débat de l’emploi de l’énergie nucléaire, et plus généralement celui de l’énergie, selon des arbitrages aussi simplistes ne permettra pas d’y voir clair sur les enjeux à venir de la politique énergétique de la France, sa souveraineté ou au contraire sa dépendance aux importations, dans un contexte plus général des objectifs fixés par la COP 21 à Paris en 2015 de limiter à 2°C (à la fin de ce siècle) l’accroissement de la température moyenne de la planète.
Quel rapport entre les 2°C de l’accord de Paris, la neutralité carbone, les énergies fossiles et renouvelables, et le nucléaire? Un monde 100% renouvelable est-il envisageable ? Rappelons avant tout que nous étions dans un monde 100% renouvelable il n’y a pas si longtemps. C’était avant notre ère industrielle, et la planète comptait alors à l’époque moins d’un milliard d’individus. C’est bien au recours aux énergies fossiles, et en particulier au pétrole, que nous devons nos phénoménaux progrès techniques, notamment depuis les années 50, avec comme corollaires : les progrès de l’agriculture, les progrès dans le domaine de la santé, la réduction du temps de travail, etc.
Aujourd’hui que les théories proposées par Dennis Meadows dans son rapport de 1972 au club de Rome (sous le titre Les Limites à la croissance) se concrétisent, notamment au travers des rapports périodiques du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), se pose la question de la soutenabilité de la consommation mondiale d’énergie, et par là même de la consommation française d’énergie, quand nos engagements internationaux sont d...