Pédophilie
La pédophilie est une, si ce n’est la tache indélébile sur le CV de la génération des intellectuels des années 1970 et sur celui du journal Libération. Autre temps, autres mœurs ?
L’un des legs les plus problématiques de mai 68 est la question de la pédophilie, qui est venue se greffer dans les années 1970 comme un fruit empoisonné sur les combats légitimes de la libération sexuelle et de la défense de l’homosexualité. Les deux auteurs sans doute les plus emblématiques à gauche sur cette question, en plus de Guy Hocquenghem (voir « Guy Hocquenghem »), sont les écrivains Tony Duvert et le philosophe René Schérer. Tony Duvert est aujourd’hui totalement oublié. À son époque, c’était une star. Publié aux prestigieuses éditions de Minuit et protégé de Jérôme Lindon, il remporte notamment le prix Médicis en 1973 pour son roman Paysage de fantaisie, un récit qui met en scène un bordel de petits garçons. Il publie en 1980 un essai intitulé L’Enfant au masculin, dans lequel il fustige « l’hétérocratie » qui met au ban « le mineur homophile » au nom d’une « prétendue pédérastie » (à entendre ici au sens de « pédophilie (1) »).
Les positions de Duvert sont dans les années 1970-1980 largement acceptées dans les milieux intellectuels et littéraires. Il est synonyme de transgression branchée et élégante. Dans La Distinction de Bourdieu, à propos d’« un jeune cadre qui sait vivre », le sociologue rapporte ainsi : « Michel qui lit peu de littérature, de romans, va lire Tony Duvert (il aime les livres “un peu stimulants (2)” […].) » Ses thèses rencontrent à l’époque un grand écho. Ainsi, en 1982, une brochure officielle du ministère de la Jeunesse et des Sports concernant l’éducation sexuelle et affective intitulée « J’aime, je m’informe » recommande la lecture… du Bon Sexe illustré ! Dans ce livre publié en 1974, Duvert écrit mot pour mot : « Il faut reconnaître aux mineurs, enfants et adolescents, le droit de faire l’amour (3). » Chaque chapitre est illustré par une photo d’un garçon nu entre 10 et...