Hocquenghem (Guy)
Figure majeure du militantisme homosexuel et du gauchisme soixante-huitard, Hocquenghem (1946-1988) est aussi le pamphlétaire qui a radiographié le reniement de ses anciens camarades.
Le parcours de Guy Hocquenghem, disparu prématurément des suites du sida, comme toute une génération des années 1980, est intéressant car il est emblématique de celui d’une génération post-68 avec ses zones de lumière et ses zones d’ombre. Au moment des événements de Mai, Hocquenghem a 21 ans, il est entré à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm en 1966, deux ans plus tôt. Au lycée Henri-IV, il a pour professeur de philosophie René Schérer, dont il devient l’amant à l’âge de 15 ans. Ils resteront liés par la suite et écriront plusieurs ouvrages ensemble. À l’ENS, Hocquenghem refuse de passer l’agrégation et s’investit dans le militantisme d’extrême gauche comme la plupart de ses camarades. Il était déjà militant depuis l’âge de 16 ans à l’Union des étudiants communistes (UEC) et au PCF. En 68, il se radicalise et rejoint la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), un groupe trotskyste composé principalement d’exclus de l’UEC. Il participe à l’occupation de la Sorbonne mais est exclu de la JCR devenue LC (Ligue communiste) à sa fondation en 1969 pour indiscipline spontanéiste et refus de l’organisation (ce qu’on appelle à l’époque « Mao-Spontex »).
Souvent critiqué, voire écarté de certains mouvements et manifestations en raison de son homosexualité revendiquée, Hocquenghem va poursuivre le militantisme de gauche post-68 par d’autres moyens en devenant en 1971 l’un des leaders du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR), le premier mouvement à défendre la cause homosexuelle en France et à critiquer les discriminations subies par les minorités sexuelles, y compris l’homophobie rampante (et souvent assumée) à l’intérieur d’une gauche radicale très viriliste. On peut donc le considérer comme une figure fondatrice du mouvement LGBT en France. Le 10 janvier 1972, il publie dans Le Nouvel Observateur un autoportrait dans lequel il annonce et revendique publiquement son homosexualité, inventant ce qu’on n’appelle...