Plenel (Edwy)
Avant de devenir le père la morale du journalisme français, Plenel (né en 1952) a été un militant trotskyste farouche. Mais a-t-il vraiment renoncé à son militantisme de jeunesse ? Rien n’est moins sûr.
C’est un ressort des films de cape et d’épée et des comics : la blessure du justicier masqué qui souhaite venger l’offense faite au père. Edwy Plenel n’est pas épargné par ce phénomène, lui qui est le fils d’un vice-recteur à la Martinique qui s’est vu rétrogradé au sein de l’Éducation nationale pour avoir soutenu des mouvements indépendantistes, puis interdire de séjour sur l’île. Pour Plenel, c’est le destin qui lui parle : son combat allait se porter contre toute forme de verticalité exercée par l’État français.
En 1965, le jeune Plenel suit son père et s’installe en Algérie. Étonnant parcours : quelques années après que les Européens ont quitté la toute jeune république maghrébine, les Plenel, eux, s’y installent. Plenel passe donc à côté du mai 68 parisien. Il se rattrape : à peine arrivé dans la métropole, il adhère en 1970 à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Deux ans plus tard, dans la revue Rouge (ndlr : l’hebdomadaire de la LCR), alors que les Jeux olympiques de Munich sont ensanglantés par l’attaque de Septembre noir contre la délégation israélienne, le jeune Plenel, sous le pseudonyme de Joseph Krasny, écrit : « L’action de Septembre noir a fait éclater la mascarade olympique, a bouleversé les arrangements à l’amiable que les réactionnaires arabes s’apprêtaient à conclure avec Israël. [...] Aucun révolutionnaire ne peut se désolidariser de Septembre noir. Nous devons défendre inconditionnellement face à la répression les militants de cette organisation. [...] À Munich, la fin si tragique, selon les philistins de tous poils qui ne disent mot de l’assassinat des militants palestiniens, a été voulue et provoquée par les puissances impérialistes et particulièrement Israël. Il fut froidement décidé d’aller au carnage. » Plenel a depuis fait amende honorable, mais on peut noter que l’enthousiasme d’Ersilia Soudais et de Philippe Poutou, constaté au lendemain de l’attaque du 7...