Reconstruire à partir du peuple
L'édito de Stéphane Simon.
Il était en veste de jean sur sa moto, à l’arrêt dans la rue principale de Veules-les-Roses, en Seine-Maritime. Il m’a juste dit en levant le pouce : « Monsieur, bravo, on vous soutient dans ce que vous faites ! » Je me souviens de ces quelques mots, simples, suivis d’autres, tout aussi amicaux. Cette façon de dire merci m’avait beaucoup touché, quelques jours après la sortie fracassante du premier numéro de Front Populaire, au moment où la presse parisienne nous versait des seaux d’insultes. Je m’en étais ouvert à Michel Onfray qui m’avait dit : « L’hommage des gens de la rue, c’est le plus beau, ça vaut bien plus que ceux de tes copains de la télé. » Moi qui ne connaissais que les compliments, souvent convenus et insincères, que l’on se fait entre gens de médias, j’en avais convenu et nous nous étions quittés avec un fou rire.
Deux ans après, plus que jamais, Front Populaire n’a pas peur de s’afficher populiste et consacre ce numéro au peuple providentiel. Celui que le bloc élitaire – dont une partie autobrevetée de « gôôôche » – toise et traite de « sans-dents », de « fumeurs de Gitane qui roulent au diesel » ou de « gens qui ne sont rien ». Il y a quelques décennies encore, l’école de la République enseignait la sagesse populaire aux enfants et leur apprenait à croire dans leur propre capacité de jugement, donc dans la démocratie. Et puis, le temps de la trahison est venu. En 2008, ce fut la validation du traité de Lisbonne par le Congrès, avec des parlementaires UMP et PS qui votèrent contre l’avis du peuple tel qu’il s’était exprimé peu de temps auparavant par référendum. Puis en 2018, ce fut un autre référendum, celui sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, bafoué lui aussi, mais...