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TikTok : les ados français à la merci d'une guerre cognitive ?

La France veut montrer qu’elle est décidée à s’attaquer aux ravages du réseau social chinois sur la jeunesse. Mais le problème est bien plus vaste. Et avec une deuxième commission d’enquête inutile et des menaces irréalisables, le chemin est encore long.

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Un influenceur macho qui quitte une audition sans y avoir été autorisé, un acteur de films X qui plaisante devant les députés ou un couple d’anciens candidats de téléréalité godiches, en visioconférence depuis Dubaï. Voilà à peu près tout ce que le grand public retiendra des auditions menées par les députés Laure Miller (EPR) et Arthur Delaporte (PS), dans le cadre de la commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs, lancée en mars 2025. Le sujet méritait pourtant mieux.

Car TikTok n’est pas un réseau social comme les autres. La plateforme est interdite en Chine, où elle a pourtant été créée. Seule la version chinoise, Douyin, y est accessible, avec ses propres serveurs et règles de modération. À part l’interface, les deux applications, toutes deux sous l’égide de la maison mère ByteDance, n’ont rien en commun. Sur Douyin, pas de vidéos abrutissantes. L’algorithme doit rendre des comptes à Pékin. Il est notamment tenu d’influencer « positivement » le comportement des utilisateurs, en promouvant des contenus éducatifs, culturels ou patriotiques. Les mineurs n’ont droit qu’à 40 minutes d’écran par jour et n’y ont pas accès la nuit.


Une à deux heures par jour


En France, et dans les autres pays où TikTok est accessible, c’est une autre ambiance. L’algorithme plonge l’utilisateur dans une spirale addictive, grâce à un mécanisme de défilement infini de courtes vidéos. La plateforme est soupçonnée de mettre en avant des contenus nocifs (défis dangereux, contenus violents ou sexualisants, promotion du suicide…) entraînant les ados dans des boucles algorithmiques qui sont autant de prisons cognitives. Les effets sur la santé mentale sont sans commune mesure avec les autres réseaux sociaux. Une étude du Center for Countering Digital Hate de décembre 2022 a ainsi montré que l’application avait tendance à exposer davantage de contenus dangereux aux personnes vulnérables....

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