S’il est un principe constant au sein de l’Union européenne, c’est celui d’hétéronomie consentie. « Nous, c’est les autres. » Une xénolâtrie qui pousse ses instances à minimiser ce qu’est l’Europe pour promouvoir ce qu’elles aimeraient qu’elle soit.

Les éditions Hermann ont récemment fait paraître Le Coran européen, un livre très intéressant qui nous renseigne sur le regard porté en Europe sur l’islam au fil des siècles. Un coup de maître de l’éditeur qui, dans ce genre d’opération subventionnée, est certain de rentrer dans ses frais. L’intention du projet universitaire « The European Qur’an », financé à hauteur de 9,8 millions d’euros par le Conseil européen de la recherche, est de mettre en évidence l’influence du Coran dans l’histoire, la religion et la culture européennes entre le XIIe et le XIXe siècle. Le livre et la série d’expositions organisées à cette occasion (à Nantes, Vienne, Grenade et Tunis) doivent permettre de diffuser auprès du grand public le fruit de plusieurs années de recherches.

Rappelons tout d’abord que l’Union européenne a fait délibérément le choix de l’inclusivité en refusant de faire du christianisme l’un des fondements institutionnels ou identitaires de l’histoire européenne. Ceci permet de faire de notre héritage une coquille vide que l’on peut ainsi remplir à loisir. Néanmoins, il faut aussi reconnaître que ce projet n’est – malgré ce que certains veulent y voir – ni la promotion des Frères musulmans ni une tentative d’islamisation de la connaissance. Ce serait en effet faire un mauvais procès à ce livre que d’y déceler une entreprise malveillante. Et il n’est pas certain que les plus bruyants de ses détracteurs l’aient véritablement lu.

Comme souvent, la critique requiert de faire un pas de côté. Le Coran européen, dont la couverture est polémique en soi (hasard ou esprit taquin ?) évoque tour à tour l’intérêt porté au texte arabe...