Il y a des causes entendues. Pour qui a une idée même imprécise de l’œuvre du général de Gaulle, voir les Ciotti, les Wauquiez, les Pécresse en appeler aux mânes du grand homme laisse une impression de malaise ; celui de la violation de sépulture. Et si la réalité était à la fois plus triviale et plus tragique encore ? Le traître, même dans une civilisation française marquée par la vertu d’honneur porte parfois pierre. Sans Judas, pas de Christ. Le traître est l’ennemi intime. Pour trahir, il faut avoir aimé, ou du moins avoir été en fraternité, même fugacement, avec ce qu’on choisira de trahir. Si Iago pousse le Maure à tuer sa douce Desdémone dans Othello, c’est que le perfide conseillé a l’oreille du malheureux naïf que la jalousie poussera au meurtre. La droite ne peut trahir un homme dont elle a souffert plus que souhaité l’existence. L’erreur de parallaxe qui consiste à voir de Gaulle comme un champion de la droite est due à la fois à l’assignation à résidence idéologique qu’on fait peser sur les origines du général (moyenne bourgeoisie se tournant vers le métier des armes), aux bésicles gauchisantes avec lesquelles on regarde l’histoire politique du XXE siècle depuis les années 1970 alors que la vie politique française a été déportée vers la gauche et à la sociologie interclassiste du mouvement gaulliste1.

Historiquement, si l’on sort des lectures convenues de l’histoire de la droite ou des droites2, on peut définir comme à droite dans la France du XXe siècle les familles politiques représentant les parts déclinantes de la bourgeoisie3, soit celles rattachées aux capitalismes terriens et industriels, et aux traditions catholiques et paternalistes, qui se tiennent aussi loin que possible du nationalisme sous toutes ses formes4. Elle supportera de marcher dans les pas du général pour...