Vincennes, laboratoire du wokisme – par Michel Onfray
Sous-titre : In memoriam Simone Goyard-Fabre et Lucien Jerphagnon
Mai 68 a beaucoup détruit. On cherche en vain ce que ce mouvement a construit. Il est en effet facile de mettre à terre une vieille forteresse, je songe à l’université occidentale qui se construit en mille ans et se détruit en quelques semaines… Il suffit à Cohn-Bendit d’exiger la mixité sur le campus de Nanterre afin que les étudiants puissent faire plus facilement la bamboula avec les filles pour qu’une faille travaille la forteresse et que les murs s’effondrent dans la foulée. Le vendredi 22 mars 1968, 140 étudiants détruisent un édifice du savoir contemporain du Mont-Saint-Michel avec de simples slogans de puceaux va-de-la-gueule.
Le 8 janvier 1968, dans cette université modèle de Nanterre où tout a été fait pour accueillir l’afflux d’un grand nombre d’étudiants pour cause de démocratisation de l’Université (1), le ministre de la Jeunesse et des Sports, François Missoffe, se fait interpeller par Cohn-Bendit, vingt-trois ans, toujours étudiant à la fac de sociologie… Des bombages avaient invité les étudiants à venir à l’inauguration : « Ce soir à 18 h, partouze à la piscine », ou bien encore : « Tous à l’orgie vandale. » Vandale est le bon mot…
L’heure venue, le jeune homme interpelle le ministre : « Monsieur le ministre, j’ai lu votre Livre blanc sur la jeunesse. En 300 pages, il n’y a pas un seul mot sur les problèmes sexuels des jeunes. » Le ministre répond : « Avec la tête que vous avez, vous connaissez sûrement des problèmes de cet ordre. Je ne saurais trop vous conseiller de plonger dans la piscine. » Réponse de Daniel Cohn-Bendit : « Voilà une réponse digne des Jeunesses hitlériennes. » Et voilà, nous y sommes : un long usage polémique du nazisme s’initie à cette heure.
En tant que citoyen allemand, Cohn-Bendit est menacé d’expulsion pour avoir insulté un ministre de la République. Faux cul, il écrit à François Missoffe...