Sylvain, c’est un prénom qui a à voir avec la forêt et les arbres. Tout le monde a dit ce qu’il avait à dire sur l’affaire. Moi, j’ai l’impression de perdre toutes mes feuilles. Le monde me secoue. Le monde secoue les naïfs, ceux qui n’en croient pas leurs yeux, qui s’étonnent devant d’invraisemblables initiatives. Sur le talent de Sylvain Tesson, je ne dirai rien. Tant d’autres l’ont fait mieux que moi. Quand j’ai appris qu’il était parrain du Printemps des poètes, j’étais ravie. Son écriture est poésie. Ses marches, ses voyages, le mouvement sont poésie.

Voyageur, le chemin / Ce sont les traces de tes pas
C’est tout. Voyageur / il n’y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant…

(Antonio Machado qui dort à Collioure disait Aragon)

Marcheurs aussi, Jean-Luc le Cléach’, Jacques Lacarrière, Pierre Sansot… Et nous, lecteurs de leurs pas. Car il faut les mots pour rendre compte du passage, pour donner à sentir les paysages que certains ne verront jamais, pour donner à écouter le grand frisson des forêts décrit par Jacques Lacarrière, pour apprendre à « voyager contre le temps » (Sylvain Tesson). Les mots, car « la vue d’aucune cité d’Orient ne peut peser dans la balance de l’émotion, le même poids qu’une description de Marco Polo. »

Et voilà que Sylvain Tesson est une « icône réactionnaire ». En ces temps troublés, on remarque l’usage fréquent du mot « icône ». Il y a l’icône du cinéma, l’icône de la chanson… Et puis l’icône réactionnaire. Je ne ferai pas l’injure aux pétitionnaires de demander s’ils connaissent bien le sens du mot « icône ». Mais tout de même… le sens sacré, le lien que l’icône tisse entre l’homme et son dieu n’exige-t-il pas un peu de précautions quant à l’emploi indifférencié de ce mot ?

Je pense à...