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Marc Guillaume ou "l’Etat profond" français

Le haut-fonctionnaire Marc Guillaume vient de quitter les fonctions de secrétaire général du Gouvernement qu'il occupait depuis 2015 à Matignon. Pour décrire les considérables prérogatives politiques dont il a pu disposer à ce poste, Le Monde n'hésite pas dans sa dernière édition à parler "d'Etat profond". Une petite révolution sémantique pour le quotidien du soir, qui s'est longtemps obstiné à taxer ce terme de complotisme.

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Le 15 juillet dernier, Marc Guillaume, un énarque de 55 ans, a, sur décision de Jean Castex, été remplacé, par Claire Landais au poste de secrétaire général du Gouvernement (SGG). Qu'on ne s'inquiète pas pour cet aristocrate des temps modernes: il quitte ce fauteuil utra prisé pour rejoindre celui de préfet de la région Ile de France, Graal de la préfectorale. 

Produit des beaux quartiers parisiens, passé par Sciences Po et l’ENA, Marc Guillaume sait user et abuser du pouvoir, nous apprend Le Monde dans un article ce jour. Alors que la loi cantonne sur le papier le rôle du SGG à la mise en conformité administrative des actions de l'exécutif, celui que l'on surnommait à Matignon "l'Imperator", "le Premier ministre bis" ou encore "le Grand Chambellan" s'est comporté en réalité pendant cinq ans comme un "faiseur de roi" et un "coupeur de tête".

A en croire le quotidien vesperal, plus d'un ministre a vu ses projets modifiés voire bloqués par "l'interventionnisme" de Marc Guillaume. "Vous êtes là pour trouver des solutions, pas juste nous empêcher de gouverner!" se serait même un jour agacée, sans doute en vain, Elisabeth Borne quand elle tenait le portefeuille de la transition écologique et solidaire. Les voies technocratiques sont décidément impénétrables.

Afin d'expliquer à ses lecteurs comment ce fonctionnaire, ni élu ni contrôlé par la Parlement, a agi pendant cinq ans en toute impunité comme s'il avait l'autorité d'un homme politique, et a même pu, aux dire de certains, se permettre de très nombreuses remarques sexistes sur son lieu de travail, pour lesquelles il n'a jamais été inquiété, Le Monde reprend à son compte la théorie de "l'Etat profond" (en tentant, il est vrai, de nous convaincre de la régression du phénomène par la grâce de monsieur Castex): «la Macronie entend réaffirmer le primat...

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