Un techno est généralement défini comme un haut fonctionnaire qui utilise ses compétences techniques, ou prétendues telles, pour acquérir et exercer un pouvoir politique. Un péquenaud est un terme à connotation péjorative décrivant le stéréotype du campagnard simple, rustre, dénué de raffinement, un peu nigaud, un peu pataud, ce profil pouvant s’étendre ces dernières années à ceux qualifiés de « sans-dents », de « gaulois réfractaires au changement », « aux fainéants, aux cyniques », à « ces gens qui ne sont rien », ou encore « aux illettrés », aux « gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel, plus généralement « aux gueux ». Ces deux catégories sociales, les technos et les péquenauds, ont connu, ces dernières années, une forte croissance qui, comme leur opposition, voire leur détestation réciproque, restera sans doute un marqueur des quinquennats de Macron.

Le techno est l’incarnation révélée de la « start-up nation ». Il est issu d’un système assez fermé, d’une caste jalouse de ses prérogatives et de ses pouvoirs qui a une fâcheuse tendance à s’autoreproduire pour perpétuer le triomphe des idées dominantes, faisant de ses membres des virtuoses du conformisme intellectuel ambiant, mais aussi les victimes d’une certaine consanguinité idéologique qui est peut-être de nature à expliquer l’absurdité fréquente de leurs décisions.

Le péquenaud n’a pas fréquenté les grandes écoles. Il a pour seul bagage ce que l’école républicaine a bien voulu lui apporter et il s’en sert modestement et avec application, quand le marché du travail le lui permet, à hauteur de ses propres ambitions familiales, professionnelles, et de ses capacités techniques ou intellectuelles pour faire face aux difficultés d’une vie que le techno est loin de lui faciliter.

Car le techno pense pour lui. Il sait ce qui est bon pour le péquenaud, puisqu’on n’a cessé de lui répéter qu’il est un « intelligent professionnel » qui a la solution à tous les...