[Jacques Sapir] Comment sortir de la guerre en Ukraine ? – Partie 5 : sortir de la guerre
CONTRIBUTION / ANALYSE. Dans cette cinquième et dernière partie de son analyse, l'économiste Jacques Sapir, observateur attentif et rigoureux du monde russe, s'intéresse aux issues possibles (et humainement acceptables) du conflit.
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Les voix appelant à un cessez le feu, si ce n’est à la paix, commencent à se faire entendre dans la presse occidentale. Devant l’étendue du désastre humain et matériel, il est impératif que ces voix se renforcent. On parle ainsi de transformer la guerre « active » en un conflit « gelé ». La référence qui est habituellement faite est celle de la guerre de Corée ou, près de 70 ans après la fin des combats, il n’y a toujours pas de « traité de paix ».
L’ampleur des pertes humaines rend l’idée de négociations, même limitées, pour arriver à un cessez le feu d’une évidence urgente. Mais, on voit se manifester des oppositions tout aussi évidentes : en Ukraine, où l’idée d’arrêter la guerre alors que le pays a perdu 20% de son territoire semble impensable. En Russie, aussi, parce qu’un cessez le feu pourrait bien s’avérer n’être qu’une trêve mise à profit par l’Ukraine pour se réarmer avant de repartir au combat. Si, donc, l’idée de la paix est plus que jamais nécessaire, les obstacles sont encore nombreux avant que l’on puisse arriver à une solution à ce tragique conflit.
Un précédent historique mal connu cependant ici s’impose et devrait inspirer ceux qui cherchent des solutions réalistes à ce tragique conflit : celui de la « guerre d’hiver » entre la Finlande et l’URSS (1939-1940) et de la « guerre de continuation » (1941-1944). La Finlande a dû, que ce soit en 1940 ou en 1944, s’asseoir à la table des négociations. Elle a dû accepter des pertes territoriales à peu près du même ordre que celles de l’Ukraine aujourd’hui. Pourtant, à travers différents traités (Traité de Paris du 10 février 1947, et Traité d’Amitié, de Coopération et d’Assistance Mutuelle avec l’URSS du 6 avril 1948), la Finlande a conservé sa souveraineté politique, pu assurer son développement économique, et...