À force de tout accepter, nous n’aurons bientôt plus rien à refuser
OPINION. Les appels à la sobriété énergétique du gouvernement s’inscrivent dans une dynamique dans laquelle le peuple est sommé de payer les erreurs et les forfaitures de ses dirigeants.
J’ai rigolé. J’ai ri devant les annonces d’un ministre de l’Économie qui remplace la cravate par le col roulé à la fin du mois de septembre d’une année pourtant réchauffée climatiquement. Devant la déclaration d’un député qui annonce qu’il va désormais étendre son linge plutôt qu’utiliser son sèche-linge. Parce que tous ces effets de communication sont risibles, tout simplement. J’ai ri jusqu’à apprendre que la règle du chauffage à 19 °C n’était pas une blague et qu’elle allait bien s’appliquer cet hiver, que l’État, après s’être mêlé de tant de choses dans notre quotidien, allait demain nous appliquer un nouveau geste barrière. Et que ses bons petits soldats citoyens, qui avaient applaudi aux fenêtres les mêmes qu’ils allaient montrer du doigt quelques mois plus tard, étaient déjà en ville avec, dans la bouche, ces mots qui refroidissent encore plus les pièces dans lesquelles ils rentrent : « C’est bon, vous avez mis le chauffage à 19 °C ? »
Comment ne pas se décourager devant le spectacle d’un peuple qui est désormais gouverné par des vendeurs de Farces et attrapes ? Notre seule réaction devant les gesticulations et les menaces de nos gouvernants devrait être, au choix, le rire ou un énervement général. Bien au contraire, nous nous retrouvons à vivre en Absurdie. Parce que la grande majorité accepte aujourd’hui de se conformer à des règles déshonorantes sous l’excuse du « si on agit correctement, ça ira mieux ». Si le tragi-comique qui saute pourtant aux yeux chaque minute de notre vie en France n’est plus perçu par la majorité, comment leur faire vivre cet électrochoc salvateur ?
En les mettant face à ces questions peut-être : est-ce que l’école va mieux depuis qu’on a délaissé les matières classiques pour des enseignements de développement personnel ? Est-ce que les Françaises sont plus en sécurité dans la rue maintenant qu’il y...