HommageJean-Paul Belmondo

Jean-Paul Belmondo : la synthèse française

OPINION. Le décès de Jean-Paul Belmondo a laissé de nombreux Français orphelins. Par ces quelques lignes, l’auteur veut rendre hommage à un acteur grand par le talent, mais également par ce qu’il représente pour la France. Un artiste si français et donc tant aimé.

/2021/09/JEAN-PAUL-BELMONDO


Lorsqu’on pense à Belmondo, on pense à une gueule. Des lèvres charnues et légèrement pincées, des yeux de cocker, tombant de part et d’autre d’un blaire épaté de boxeur. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que les personnages qu’il incarna durant sa carrière aient pour beaucoup le trait commun d’un passé pugiliste. En somme, une trogne reconnaissable entre mille. Un physique qui ne le préparait pas à celui d’interpréter le rôle de séducteur conquérant, qui sera une constante durant sa carrière. Ce trait de caractère propre à ses personnages, qui valorise une forme de virilité assumée, ne peut que faire hurler à l’apologie du patriarcat les hiérophantes de la déconstruction post-moderne, dite « woke » dans la langue d’Hemingway. Nous ne nous attarderons pas sur cette controverse qui ne manquera pas d’opposer les tenants d’un virilisme inquiet et les apôtres d’une destruction de toute forme de masculinité. Nous laissons cela aux professionnels de ce genre de débats hanounesques.

On ne peut non plus demeurer innocent face au phénomène mercantile qu’est devenu Belmondo au cours de sa carrière, passant du statut d’artiste interprète à celui d’une véritable marque. De la moitié des années 70 à la fin des années 80, on allait voir « un Belmondo », comme dans les années 60 on allait voir « un De Funès » ou un « Gabin » dans les années 30 ou 50. La métonymie en dit long sur l’évolution d’un cinéma français qui se voulait d’auteurs et qui, comme le reste de la société, devint de plus en plus un produit de consommation comme un autre. Les affiches étaient alors largement occupées par son patronyme et par son visage, l’homme-sandwich était chargé d’attirer le chaland, pour ne pas dire le client. On ne fera cependant pas porter sur les épaules d’un seul homme toutes les tares de l’industrie du cinéma, de...

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