La fin des EHPAD ? Une récente et troublante controverse
OPINION. Face au vieillissement de la population, le logement des personnes en perte d’autonomie se fait de plus en plus prégnante. Quels sont les avantages et les limites de l’EHPAD ? Quel modèle alternatif ? Tant de questions qui se posent aux pouvoirs publics.
Sans trop d’éclat médiatique, lié probablement à cette période de pandémie, une interrogation a été remise à l’ordre du jour, dans le monde de la gérontologie. Dans notre pays, la poursuite de l’espérance de vie et également l’augmentation du vieillissement de la population, vont-elles conduire à la création encore plus importante de places d’EHPAD, ou vont-elles conduire au contraire à une nouvelle réflexion sur la priorité de la politique de maintien à domicile des personnes âgées et très âgées ?
Très curieusement, une étude et un rapport parlementaire ont interpellé le pays sur l’avenir des EHPAD et sur celui du maintien à domicile. La première est une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation des statistiques (DREES) intitulée « Perte d’autonomie : à pratiques inchangées, 108 000 seniors de plus seraient attendus en EHPAD d’ici à 2030 ». C’est une étude de décembre 2020. Comme son titre l’indique, mais tout en précisant que cette étude ouvre des voies diversifiées, est évoquée la possibilité ou l’obligation de création de places d’EHPAD. Le second, un rapport parlementaire, s’oriente vers le développement important du maintien à domicile, évoquant même la possibilité, de manière raisonnable, d’arrêter la création d’EHPAD. Il s’agit du rapport du 17 mars 2021 des sénateurs, Bernard Bonne et Michelle Meunier, dont le titre est le suivant : « Pour une politique de prévention de la perte d’autonomie plus efficace et plus ambitieuse ». Pour le moins, il s’agit là d’une controverse très discrètement exprimée, car peu médiatisée, mais essentielle au présent et à l’avenir des personnes âgées ou très âgées. Parlons-en.
Les prérequis, pourtant contradictoires, à prendre en considération
On peut relever qu’entre le maintien à domicile et l’entrée en EHPAD, il existe plus une concurrence qu’une complémentarité. Très clairement, plus de 80 % de nos personnes âgées souhaitent fermement rester à domicile,...