Elites

L’arrogance des zélites autoproclamées

OPINION. Surdiplômés mais déconnectés de la réalité, cachés derrière un mépris de classe souvent décomplexé, la plupart de ceux qui se targuent d’être des élites n’en ont généralement pas l’envergure.

/2021/12/ELITES_FRANCAISE.jpg


Quel que soit le journal, la chaîne de télé ou la radio que vous lisez, regardez, écoutez, on vous bassine avec les zélites qui seraient essentiellement, semble-t-il, les impétrants ayant réussi à décrocher un diplôme genre ENA, Sciences Po ou autre fabrique de « sociologues » promis à une carrière politique.

Une fois obtenu dans un plus ou moins bon rang ce précieux sésame, on peut alors prétendre entrer dans le cercle des zélites, et prendre des initiatives, généralement malheureuses, en tentant d’escalader les marches du pouvoir. Cet étiquetage, sous-tendu, avons-nous appris, par la responsabilité de « premier de cordée », m’est initialement apparu lorsque j’étais très jeune chercheur au CNRS, mon directeur de Labo me reprochant de fréquenter les « cols bleus » plutôt que les « cols blancs ». Il ne s’agit là nullement des gars de la marine, ni même de la Marine, mais bien des personnels techniques dont l’utilité, la compétence et l’état d’esprit me semblaient bien plus compatibles avec les miens que ceux de mes parfois fumeux collègues.

Curieusement, aux yeux dudit directeur, mes fréquentations infréquentables devaient cesser. Elles étaient, aux miens, bien plus justifiées par un sentiment d’appartenance et de sympathie que par une volonté d’atteinte à la hiérarchie. Dans la nomenclature décrite ci-dessus, je faisais donc partie des zélites chercheuses, et devais me soumettre au diktat de classe… Mais me soumettre, ça je ne sais pas faire.

Le péremptoire « on se soumet ou on se démet » s’est donc conclu par une fracassante démission, et me voilà alors partie en reformation pour devenir artisan (doreur-ornemaniste), et me fondre dans la « classe sociale » qui me tenait à cœur, d’où les orgues fabuleux dont je vous ai parlé dans de précédents articles. C’est parmi ces compagnons que je trouve mes vraies zélites. Le charpentier est largement aussi bon que moi en trigonométrie et en...

Vous aimerez aussi