L’anticommunisme primaire des gens de droite n’est pas de l’ordre du caprice ou d’un effet de mode, superficiel ou temporaire. Il est solidement enraciné, profondément attaché à leur bêtise et leur ignorance abyssales. Le point de départ de cette attitude radicale (parfois haineuse) est à trouver dans le récit hollywoodien fait de la révolution bolchevique d’Octobre 1917. D’emblée, on évacue de la mémoire collective les événements de février 17 : Kerenski (un libéral) chasse les Romanov du trône. Ce ne sont donc pas les bolcheviques qui ont mis à bas la monarchie en Russie. Trop subtil pour la droite. Deuxième élément, à l’époque, de nombreux courants de pensée se disputent le pouvoir : les anarchistes, les syndicalistes, les libéraux, les nationalistes (ukrainiens), le mouvement agraire (les verts), les mencheviks (communisme de coopération), les bolcheviques (les rouges), les réactionnaires (les blancs)… Ce fut l’ordalie sanglante : les rouges gagnèrent. Mais après cinq longues années de guerre civile. D’autant plus longue que la France et la Grande-Bretagne tentèrent de rendre le pouvoir aux « blancs », par les armes. Enfin, la prise de contrôle de l’économie (les ouvriers chassant le patronat de la direction de l’entreprise) a été surtout le fait des ouvriers eux-mêmes, au niveau local, indépendamment des consignes du parti bolchevique de Lénine.

Mais les gens de droite n’en démordent pas. Selon eux, les communistes, c’est une bande d’ouvriers fainéants, voleurs et vils qui, profitant du désordre de la Première Guerre mondiale, ont attisé le ressentiment contre l’aristocratie et le patronat. Menant avec succès des assauts contre l’autorité (civile et patronale), ils ont su les chasser du pouvoir. Puis, passés maîtres en manipulation en tout genre, ils se sont fait élire par leurs « camarades » bien naïfs à la tête des entreprises et à la douma de la toute jeune République.

Pour la droite, la théorie...