Vous dites « optimiser »
CONTRIBUTION / OPINION. Optimiser : les ayatollahs de la technocratie n’ont que ce mot-là à la bouche. Mais rapidement, leur dogme de l’efficacité et de la rigueur budgétaire finit par se heurter à la réalité.
Il y a des mots qui se veulent savants et dont l’usage se revendique « moderne ou branché ». Citons-en quelques-uns : Impacter, empathie, résilience, dystopie, verticalité, faire sens, populiste, cyber-harcèlement, etc. Optimiser en est un autre, semble-t-il. Son utilisation est pourtant pertinente lorsqu’elle fait partie du vocabulaire des économistes, des gestionnaires, et des adeptes des raisonnements comptables et mathématiques. Cela devient plus problématique lorsqu’il est utilisé mal à propos notamment pour justifier la croissance, la rentabilité, le rendement voire le progrès. Ce n’est pas anodin, car on peut optimiser simplement le rendement d’une machine ou l’efficacité d’un service en valorisant les éléments dont on dispose déjà.
Par contre, les adeptes de la croissance pure et dure ne peuvent se contenter d’optimiser, ce qui est le cas pour ceux qui recherchent le profit à tout crin — même si cela entraîne des effets négatifs collatéraux sur l’environnement, sur le travail, sur l’emploi et les conditions de vie. La croissance à l’infini est-elle la solution face aux défis lancés par les 9 milliards d’habitants que l’on nous promet vers 2050 sur notre planète ? Les performances du CAC 40 ne suffiront pas davantage pour résoudre le problème.
Les économistes les plus sages formulent par contre quelques réserves en nous encourageant d’abord à optimiser plutôt que de courir vers une croissance effrénée qui n’est pas forcément source de bonheur. L’optimisation des moyens de production est certainement plus salutaire, du moins à court et moyen terme.
D’autres économistes « éclairés » ont remplacé la notion d’optimisation par la notion de compétitivité. C’est ainsi que la Commission européenne recommanda impérieusement depuis 2016 aux États membres des mesures aptes à réduire le coût du travail, réformer le système d’assurance chômage et diminuer les services publics, etc. Sans oublier l’ouverture à la libre concurrence. On en connaît les conséquences pour le monde...