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Le « vivre ensemble », principe actif ou maladie dégénérative d’une société nationale ?

OPINION. Ce « vivre ensemble », dont nous abreuvent médias et politiciens qui n’en comprennent pas le sens, est, selon les cas, l’essence même d’une société, ou l’expression de son masochisme.

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Le premier à avoir créé le terme de « vivre ensemble » est l’un des plus grands philosophes de tous les temps, Aristote, sur la pensée de qui repose, jusqu’à nos jours, toute la construction philosophique de l’humanité. Pour lui, en effet, la Cité est d’abord une réalité naturelle, le souverain bien de l’homme ; le moyen du « vivre ensemble » a avant tout pour but la vie heureuse » : « Même s’ils n’ont pas besoin d’aide réciproque, les hommes aspirent à vivre ensemble. » (Politique, Livre I, II, 1252, b 30 ; 1253 a 2-30) La Cité, outre son origine naturelle et spontanée, a un but commun : c’est « la communauté du bien vivre pour les familles et les groupes de familles en vue d’une vie parfaite. » (Politique, Livre III, chap. IX, 1280 b, 33-35) « Les belles actions, voilà ce qu’il faut poser comme fin de la communauté politique, et non la seule vie en commun. » (Politique, Livre III, chap.IX, 1281 a 2-4) Le consensus est fondé sur un lien social affectif, l’amitié : « Les alliances de familles, les phratries, toutes les relations de la vie en commun sont l’œuvre de l’amitié. » La Constitution française grave dans le marbre, en sus, des notions plus juridiques de liberté, d’égalité et de Fraternité, ce qui est proche d’Aristote. La conception aristotélicienne du « vivre ensemble », si elle est d’abord une constatation ethnoculturelle, est aussi une observation psychopolitique ou affective.

Aristote est rejoint par un auteur moderne (de gauche), Julien Benda, qui comprend lui aussi la Nation comme un...

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