NationFrontières

Nos frontières communes

Réflexions suite à la lecture de l’article d’Alain Santacreu (1)

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Les notions de nation et de patrie sont loin d’être évidentes et recoupent souvent des définitions bien différentes qui varient non seulement avec les époques mais aussi selon la langue, la culture et l’idéologie à partir desquelles on s’exprime. En France, l’opposition classique entre nationalisme et patriotisme se fait souvent à tort à partir d’une phrase un peu trop simpliste prononcée par François Mitterrand au cours du discours du 17 janvier 1995 devant le Parlement européen (sic) : « le nationalisme, c’est la guerre ». On donne alors souvent la vision d’un nationalisme agressif qui aurait été responsable des deux guerres mondiales, ce à quoi de nombreux travaux comme ceux de Jean-Pierre Chevènement ont très justement rétorqué que la responsabilité portait plutôt sur l’impérialisme que sur le nationalisme et qu’elle était moins le fait des peuples que d’un cercle étroit de décideurs à la tête des Etats(1). Pourtant, le nationalisme n’est rien d’autre que l’amour de la nation, c’est-à-dire d’une communauté d’hommes qui partagent certes un destin commun, mais aussi tout un ensemble d’œuvres matérielles et immatérielles qui constituent une culture et une histoire dans lesquelles il est possible de se reconnaître. Contrairement à la patrie qui renvoie au territoire sur lequel on vit, la nation (du latin natio, c’est-à-dire « naissance ») s’articule autour d’êtres vivants qui partagent ce qu’Ernest Renan appelle « un principe spirituel » lui-même constitué de deux choses : un passé et un présent, des souvenirs à raconter et des échanges à expérimenter au quotidien (ce à quoi on pourrait rajouter une perspective d’avenir)(2).

Or la France a ceci de particulier que la naissance du sentiment national s’est accompagnée du développement et de l’accroissement de son Etat. « L’Etat : opérateur de l’identité nationale, instrument de la conscience et foyer permanent de la nation », comme le soulignait très bien l’historien Pierre Nora...

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