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La Corrèze plutôt que le Zambèze !

CONTRIBUTION / OPINION. Le philosophe Denis Collin rappelle que l'émancipation collective passe nécessairement par le fait de privilégier le proche au lointain. Une leçon que notre époque semble avoir largement oubliée.

/2023/11/correze-zambeze


Ce texte a originellement été publié sur la-sociale, le blog de Denis Collin. Nous le reproduisons ici avec l'aimable autorisation de son auteur.


La Corrèze plutôt que le Zambèze !

Attribuée à tort au journaliste Raymond Cartier, cette formule prononcée à l’Assemblée par le député socialiste (SFIO) de la Corrèze, Jean Montalat, est profondément juste. Elle fait écho, involontairement peut-être, au propos de Rousseau que j’ai souvent cité :

Tout patriote est dur aux étrangers : ils ne sont qu’hommes, ils ne sont rien à ses yeux. Cet inconvénient est inévitable, mais il est faible. L’essentiel est d’être bon aux gens avec qui l’on vit. Au-dehors le Spartiate était ambitieux, avare, inique ; mais le désintéressement, l’équité, la concorde régnaient dans ses murs. Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d’aimer ses voisins. (Émile ou de l’éducation)

Aimer ses voisins, s’occuper de ceux qui nous sont proches, de ceux avec qui nous partageons l’espace public et les systèmes collectifs de protection (sociale, notamment) : voilà la tâche première. Le cosmopolitisme qui se mêle des affaires des autres a toujours un petit arrière-goût colonial. Occupons-nous de nos affaires, choisissons nos amis avec un jugement clair, soyons le moins dépendants possible des autres pays : voilà qui devrait constituer la trame d’une bonne ligne politique.

Nous sommes préoccupés par les développements internationaux, à juste titre, car le spectre d’un embrasement généralisé menace. Ukraine vs. Russie, Israël contre le Hamas, nous savons bien que les développements de ces affrontements peuvent avoir des conséquences terribles. Mais nous n’avons pas de moyens d’intervenir sérieusement sinon par des rodomontades dont le seul effet est sous doute de jeter encore un plus de confusion. Et nous savons que « l’ennemi est dans...

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